The Originals Renault - La Collection
Texte et Dessins
Images
| Lieu | Flins - Aubergenville (78) |
| Maître d’ouvrage | Renault Group |
| Surface | 12.500 m2 |
| Budget | 30 € |
| Programme | Création d'un musée-atelier, rassemblant les véhicules, les archives et les œuvres d'art qui ont façonné l'identité de la marque depuis plus d'un siècle, mais aussi un atelier de rénovation du patrimoine automobile de Renault. |
| Équipe | CELNIKIER & GRABLI Architectes OTE, bureau d'études techniques OTELIO, HQE POÏEMA, conseil structure bois JMPRIOL, conception lumière TOOLBOX AMO, recueil du besoin ARC-EN-SCÈNE, scénographie |
Menacé il y a peu de fermeture, le site Renault de Flins (Yvelines) est en train de s’inventer un nouveau destin. Et c’est à CGA que la marque au losange a confié le soin de concevoir « le lieu » symbolisant cette renaissance. Il s'agit d'un musée-atelier, où dialoguent les collections automobiles, les collections d’art et le fonds historiques de Renault.
Le besoin
A l’origine, l’expression des besoins de Renault visait avant tout à combiner espace de stockage de la Collection (800 véhicules), des pièces de rechange et du fonds historique avec l’atelier technique, ainsi qu’un espace événementiel de 2000m². Au fil des échanges avec les équipes, il est apparu que le projet répondrait à cinq enjeux stratégiques :
- Doter l’entreprise d’un bâtiment de préservation, de restauration, d’entretien et de stockage de la Collection, qui comprend des véhicules iconiques couvrant l’histoire de Renault, ainsi que les fonds historiques et les œuvres d’art inspirées par la marque automobile française.
- Organiser des événements et des expositions.
- Libérer les surfaces aujourd’hui occupées par la Collection de véhicules historiques, participant ainsi à la mutation du site (campus, usine d’économie circulaire de la mobilité…)
- Réinventer l’entrée du site, pour accompagner sa transformation.
- Adopter une conception environnementale responsable, en limitant l’impact carbone de la construction et de l’exploitation.
Le contexte
A la fin des années 40, le site de Billancourt ne suffisant plus à la production, Renault confie à Bernard Zehrfuss, architecte prix de Rome 1939, la conception d'une nouvelle usine à Flins. Le projet qui en résulte est orthonormé, épousant les nécessités industrielles, les grandes dimensions (chaines de 500m), et l’irrigation logistique (rail, route, fleuve). Le territoire entre la ville et les zones de production est quant à lui largement paysager. Si les logements des cadres et personnels, la « cité d’habitation », sont toujours bâtis selon l’orientation orthogonale de l’usine, les voies s’infléchissent pour se connecter aux rues radiales d’Elisabethville.
Dans le site orthonormé bâti par Zehrfuss, la diagonale, voie principale qui s’infléchit vers la ville, traduit la liaison entre les deux ensembles, la ville et l’usine.
Le Musée se pose comme un trait d’union entre la ville et le site industriel. Il préfigure la porosité de pratique que sa vocation suscitera.
Intensions et solutions
Le projet se situe à la rencontre de l’Histoire et de l’Intime. L’Histoire de la somme vertigineuse de métiers œuvrant depuis 125 ans pour la mobilité de chacun, matérialisée par la profusion créative et technique des modèles. L’accumulation en un lieu d’une histoire séculaire, faite d’inventivité, d’ingénierie, de design, mais aussi de sociologie, de commerce et de droit. Et, parmi ces modèles, l’intime, car la plupart d’entre nous a eu affaire à une Renault.
Regrouper et rendre visible ce patrimoine en ce lieu industriel mythique, l’un de ceux où il a été en partie produit, constitue en soit un événement majeur. Retrouver un modèle familier au beau milieu de ces icones historiques ajoute une puissance émotionnelle rare, d’une puissance comparable à celle des souvenirs gustatifs.
La conception du projet architectural a notamment été guidée par cette émotion. Et même fortement inspirée, voire aspirée, par la force de la Collection, qui ne demandait qu’à se révéler.
La fragmentation de la façade de la grande halle événementielle en ouïes successives et ascendantes instaure une frontalité latérale, une ouverture qui laisse deviner en fond l’ampleur de la collection. Elle exprime l’ouverture et l’accueil en contraste avec les grands volumes opaques et mystérieux de l’usine. La verticalité perçue entre en dialogue avec la ligne horizontale historique de l’usine.